Août 2023

Protéomique sérique dans l'artérite à cellules géantes en réponse à une pulsation de trois jours de glucocorticoïde suivie d'une monothérapie par tocilizumab (l'essai GUSTO) [1].

Résumé
L’interleukine-6 est souvent considérée comme une cytokine pro-inflammatoire, similaire au TNFa et à l’IL-1b.
Ce n’est pas le cas, car l’IL-6 déclenche également des mécanismes de limitation de l’inflammation, comme l’expression de l’inhibiteur tissulaire des métalloprotéinases (TIMP).
Cet effet est à la base de la redoutable perforation intestinale sous tocilizumab (TCZ), car lorsque l’IL-6 est bloquée, le TIMP n’est plus exprimé et les enzymes cataboliques comme la collagénase et la stromélysine peuvent exercer leur action sans être inhibées.
Inversement, l’IL-1 et le TNF induisent les processus de démarrage de l’inflammation, en ce qui concerne par exemple l’expression des chimiokines, une propriété que l’IL-6 ne possède pas.

L’étude GUSTO a permis, pour la première fois, d’étudier de manière sélective et comparative les effets de la prednisone (PDN) et de la TCZ sur les protéines.
Le protocole a permis de conserver le sérum avant la première administration de PDN, après 3 jours de Solumedrol et ensuite sous TCZ en monothérapie pendant 52 semaines.
Nous avons analysé plus de 1400 protéines dans le sérum en utilisant un test d’extension de proximité (PEA) sur l’Olink Explore 1536.
Cette approche a permis de rechercher de manière impartiale les protéines qui sont régulées de manière différenciée par PDN et TCZ.
Elle a également permis d’identifier des protéines qui reflètent une activité subclinique de la maladie et qui pourraient à l’avenir remplacer la CRP peu fiable dans la pratique clinique quotidienne.

Les données montrent l’effet profond et rapide attendu du PDN sur les molécules pro-inflammatoires (mais aussi, par exemple, un effet inducteur sur la MMP3 catabolique).
Après l’arrêt de PDN, sous TCZ, différentes chimiokines comme CXCL9, CCL7 et CXCL10 remontent à leur niveau initial et se normalisent lentement pendant des semaines, parfois des mois.

En résumé, les données corroborent la déclaration faite au début, à savoir que l’IL-6 ne contrôle pas directement certains processus inflammatoires primaires.
Les données expliquent les récidives précoces sous TCZ en monothérapie et plaident en faveur d’une co-médication PDN de quelques semaines.
Enfin, elles suggèrent que les chimiokines mentionnées peuvent servir de paramètres de suivi pour surveiller l’activité inflammatoire subclinique.
Compte tenu des propriétés régulatrices du TNF et de l’IL-6, on peut supposer – en combinaison avec les données mentionnées – qu’en cas d’ischémie critique (cécité), une inhibition du TNF par l’infliximab, par exemple, serait plus prometteuse que l’administration de TCZ, en plus des pulsations de Solumedrol.

Références
[1] Christ L, Gloor AD, Kollert F, Gaber T, Buttgereit F, Reichenbach S, Villiger PM.
Protéomique sérique dans l’artérite à cellules géantes en réponse à une pulsation de trois jours de glucocorticoïde suivie d’une monothérapie par tocilizumab (l’essai GUSTO).
Front Immunol.
2023 May 23;14:1165758.
doi : 10.3389/fimmu.2023.1165758.
eCollection 2023.
PMID : 37287970

Rédigé par
Prof. Dr. med. Peter M. Villiger
Centre médical Monbijou
Monbijoustrasse 10, 3011 Berne
Août 2023